A peine débarqué à Tanger, il se rend sur la place des canons ou plutôt pour la Place des paresseux. Étrange nom pour une place animée. Une belle vue sur la baie de Tanger par ailleurs.
La plupart des habitants, des voyageurs, des nomades, des rêveurs appauvris n’y voient que des vestiges des luttes des empires coloniaux pour dominer Tanger. Mais Tanger reste et demeure une ville imprenable, libre, rebelle et irrésistiblement magnétique. Et c’est peut -être ce magnétisme de ces canons, fers de lance de sa propre liberté, qui lui inspira ces quelques vers :
Six lances pour les batailles perdues, peur des falaises
Silence contre les murs épais de leur intérieure forteresse
Six lances brandies contre celui qui bouscule imaginaires et instants
Silence aux mains de mes gardes obscures cousins du temps
Six lances, traces de blessures, fêlures ou cicatrices
Silence, porte étendard, guerre et paix, vertu et vices
Six lances, rempart ou prison de moi-même contre moi-même
Silence aiguisé, tranche la parole de ceux qui s’aiment
Six lances, couronne d’épines et poison sur un diadème
Silence.