A force d’invoquer, son chapelet à la main et son cœur sur le tapis, détrempé par la pluie, ses larmes, il a fini par n’éprouver plus aucun affect. Ils ont fini par le traiter de fou. A chaque grain, il revoit sa vie défiler et c’est avec un sourire d’enfant qu’il soupire. A chaque grain, c’est la folie qui s’installe, celle qui libère des enjeux, des intérêts et des vicissitudes de ce monde. A chaque grain, juste un apaisement, sensation de l’assoiffé plongé dans l’océan. Il se souvient de leurs mots et de leurs paroles. Ils l’ont trahi, craché à la figure, saigné à blanc, raillé, insulté, traité de lâche, comparé à un clown, autopsié à vif, trainé dans la boue, dis de lui qu’il est un salaud, méprisé son être, débité des ignominies, éructé en gerbes, vomi sur ce qui il est, fiellé avec turpitudes, maudit le jour et médit la nuit, fulminé contre lui, brûlé au bûcher de leur orgueil. Leurs attitudes devenues camisoles.
A chaque grain, le monde devient asile. Son asile. Là où, il continue à sourire. Il sait que jamais il ne cessera de les aimmer, de prier pour eux, d’invoquer pour leur harmonie, à offrir ses instants pour qu’ils puissent goûter l’éternité, à sourire à la nuit pour les remercier, à chanter les mots de leurs attributs, à veiller sur les signes de la peau comme une offrande céleste, à les faire vivre dans le vivant et non dans le souvenir, à évoquer, par plaisir et par nécessité, leurs noms , à plonger ses mains dans l’eau pour goûter Dieu, à faire chanter le silence, à porter avec humilité, chapelet et nez rouge.
Fini le temps des cerises. Fini le temps des crises. Fini le temps.Ne reste finalement, que l’éternité qu’on dédie aux grains de folie, à nos grains de folie.