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Poétiser le monde, les âmmes et les hommes

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Une année écoulée. Une année à regarder ce verre, qui n’est plus à moitié plein ou à moitié vide. Une année, le ventre vide, les pieds nus et les mains qui tentent, malgré les tentations, d’égrainer chaque grain. De celui de Ta beauté à celui de ma folie.

Une année passée. Une année à collectionner les peaux mortes laissées par mon corps sur vos vêtements, vos couvertures, vos tapis de prières, vos corps et vos peaux et qui commencent à avoir le goût salé de viandes suspendues et séchées.

Une année figée. Une année à remplir le vide par du néant, le silence par le mutisme et la solitude par le désert. Tout est à vendre. Ce pays, cette ville, cette chambre, cette pièce, cette chaise, ce lit. Tout. Sauf mon nez rouge et le burnous offert par mon père, devenu refuge à Madagh.

Une année traversée. Une année à interroger la nature pour savoir si elle était si humaine.  À savoir si j’étais sincère quand je disais et écrivais que je préférais l’absolu au relatif, l’invisible au visible, la foi à la confiance. Les enfants et les fous restent manifestement une compagnie réjouissante.

Une année gagnée. Une année à se convaincre et à se battre contre soi pour que chaque souffle irrigue mes entrailles, mes cavités, mes fissures. Toujours, inlassablement faire de moi, une âmme vibrante, un cœur battant, le sang bouillant et ainsi préserver cette faculté à jouir de l’Ammour.

Une année consumée. Une année où à chaque jour, brûler un cierge, et à chaque nuit redécouvrir la Vierge. La fumée de l’encens encense les prosternations debout, à genoux ou couché. Tout devient adoration, même la prostituée qui donne à boire.

Une année consommée. Une année à s’enivrer de cet Ammour qu’on a pour les étoiles, les atomes, les paroles, les lettres, les feuilles, les battements, les sourires, les gens et même l’espace du temps qui sépare les êtres. L’Ammour ne saurait se contenter du médiocre.

Une année disparue. Une année à se débarrasser de toutes apparitions, de tout spectre ou silhouette fantomatique. Les livres et leurs mots ne sauraient remplir le vide, l’inutile, la vacuité, nourriture bénie pour les égos et la censure des âmmes. Tout ce que j’ai fait, mes erreurs et mes fautes, l’ont été avec sincérité.

Une année évanouie. Une année à disparaitre à chaque seconde, à se transformer et à laisser place à la brume, gouttelettes de ma salive en suspension, masquant d’une manière opaque, le ciel et le sol. Au loin, les gémissements de ces êtres qui ne vivent que dans l’opposition et l’opposable, ne s’épanouissent que dans la révolte et la colère. La paix, ils l’ont troquée contre le glaive et le despotisme de l’apparence. Où est donc cette ligne bleue des Vosges, lieu de l’écho de mon enfance?

Une année finie. Une année à achever les minutes comme on achève le martyr. Basse besogne que celui qui passe son temps à se convaincre de finir son chapitre, sa conversation, son étude, son écriture, sa lettre, son poème, son livre, son ouvrage, sa guerre. Il y a ceux, trop nombreux, qui en finissent avec la vie et avec l’Ammour. Et il y a celui, qui se dit que chaque dieu a une prière et que chaque prière a un croyant. Et que tout cela ne finit-il pas par un Mariage ?

Une année dissipée. Une année à ranger les rêves dans les souvenirs et à ordonner à ce que chaque souffle se transforme en Son Nom. Je me regarde et contemple la complexité de mon être, la simplicité de mon âmme et me surprends à me sourire. Le souvenir de Dieu fait son œuvre et moi je m’abandonne à l’Ammour. Loin des insultes, des jugements et des railleries, je vous offre ma peau, pour vous prier et mes lèvres pour vous oublier.

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