C’est un 23 février 2021. Une date que même l’oubli et l’amnésie ne peuvent effacer. Une date à laquelle, avec une certaine émotion, celle de cet enfant jamais disparu, qu’il assista à la diffusion des premières images de Mars et des premières sonorités d’un silence résolument poétique, images retransmises en direct quelques jours plus tôt après le lancement de la sonde Perseverance.
Cette planète rouge, couleur sang oxydé, inhospitalière fait tant rêver et procure un étrange magnétisme, quelque chose d’irrésistible. Même sensation éprouvée quand on contemple la Lune, la pleine Lune. Les scientifiques, les astronautes, les visionnaires, les romanciers, les poètes et même les enfants, ceux qu’on a été et ceux qu’on deviendra, en témoignent. Sa proximité et son éloignement, sa similitude et ses différences avec notre terre, sont autant de raisons qui peuvent expliquer cet attrait et nourrir cette attirance.
Voir ces images et entendre ces sons, l’a replongé dans des souvenirs d’adolescence, une période éphémère d’une vie et pourtant toujours vivante, toujours présente. C’est à cet âge où il découvre les Chroniques martiennes et l’univers poétique et engagé de Ray Bradbury. Une invitation à partir sur Mars et à ne jamais en revenir. Pourquoi revenir? La science-fiction comme un rêve d’une science, dans l’attente qu’elle puisse lui trouver une solution.
S’il s’émerveille de cela, il ressent en lui remonter un sentiment étrange, une sorte de mélancolie originelle que même l’insouciance du jeune âge ne pouvait dissiper. Elle lui ramène à son souvenir cette phrase qu’il avait lu dans ce livre : « La foi avait toujours donné réponse à tout. Mais elle avait été reléguée aux oubliettes avec Freud et Darwin. Nous étions et nous sommes encore des hommes perdus ».
Des hommes perdus et pourtant nous nous efforçons de conquérir de nouveaux espaces, de nouvelles contrées, de nouvelles planètes. A la recherche d’un nouveau territoire à coloniser, d’une nouvelle nature à asservir, d’une nouvelle forme de vie à dominer. Seuls les poètes et les clowns vagabonds, y recherche simplement un autre nous, l’autre comme notre miroir.
Autant d’efforts et d’énergies à chercher une vie extraterrestre, à s’élever au ciel et dans les étoiles, à vouloir se libérer de l’attraction et de la gravité terrestre. Autant d’inventivité, de créativité et d’imagination pour que, nous simples mortels, nous ayons le goût du divin entre les doigts. A défaut d’inviter le ciel à nous conquérir, nous trouvons plus facile et plus confortable d’aller dompter le ciel. Entre Univers et universel, pourquoi choisir? Nous sommes capables des deux.
A y regarder de plus près, les extraterrestres, sont parmi nous et même en nous-même. Nous qui extrapolâmes trop souvent et naïvement l’absolu, alors de bons nombres, convertis à la modernité, agissaient par affect et opportunisme. Il suffit pour cela d’ouvrir le bon œil. Celui qui s’ouvre quand on ferme les deux, qu’on se connecte au cosmos et aux ondes telluriques du lieu qui nous a adopté.
N’est-il pas extraordinaire que de ressentir battements de cœur et de cils. Ne sommes-nous pas un extrait du parfum cosmique ? Ne sommes-nous pas une extrapolation, une esquisse imaginative de la beauté de Dieu? Ne sont-ils pas extratones nos battements de cœur, à cisailler nos poitrines et à faire décoller du sol notre corps à la simple évocation de son Nom ?
N’est-il pas extraordinaire, celui qui se met à nu et qu’il proclame qu’il n’a plus peur de porter le manteau de l’ammour ?
Extravaguant pour les uns et extraverti pour les autres, lui, il sait qu’il est juste une larme enfermée dans un sourire, un sourire prisonnier d’une larme. Un tout sur le chemin du rien et que de ce rien, il renaitra tout.