Il cherche, là, assis, debout, couché, silencieux, caché, figé, à scruter l’horizon céleste et à essayer d’y trouver quelques réponses à l’agitation de ces âmes, trop souvent superficielles, d’un genre humain qu’il peine à reconnaitre. Il cherche les indices de leur divinité. Il cherche les traces de leur singularité. Il cherche quelques grammes de leur unicité. Il cherche.
Et pendant ce temps-là, il découvre que l’Ammour, c’est compter la vie dans les jours et laisser aux autres le soin de compter les jours dans la vie.
Il essaye de comprendre ces êtres, qui le jour, adorent Dieu et invoquent Sa miséricorde et qui la nuit tombée, se dévêtissent et nous offre leur ombre et leur silhouette, sous l’excuse d’une création esthétique et d’une liberté artistique. Il essaye de comprendre, lui qui pensait que l’art était finalement le chemin, pour ne pas dire la voie de l’élévation de l’âmme et non celui de l’avilissement des instincts. Il essaye.
Et pendant ce temps-là, il découvre que l’Ammour, c’est compter la vie dans les jours et laisser aux autres le soin de compter les jours dans la vie.
Il s’interroge sur ce monde dont les repères ne sont plus les siens. Ce monde où ces gens convoquent le hasard et le bon sort, au tirage ou la bonne fortune pour aller « pèleriner » et tourner autour de la Pierre Noire. Il s’interroge sur ce monde où jamais il n’aurait cru, que sa religion pouvait faire l’objet d’un concours et pourquoi pas une vente aux enchères. Il s’interroge sur cette étrange époque qu’il traverse. Il s’interroge.
Et pendant ce temps-là, il découvre que l’Ammour, c’est compter la vie dans les jours et laisser aux autres le soin de compter les jours dans la vie.
Il assiste, spectateur attentif et témoin muet de leurs vies pixélisées, où chaque instant, chaque fait, chaque geste est mis en scène. Leur petit déjeuner, les vêtements portés à leur réveil, leurs bijoux, leur nouvelle coupe de cheveux, leurs sorties culturelles, leurs vacances, leur animal de compagnie, leurs enfants et parfois même la météo du lieu de leur survie. Il assiste à leur danse frénétique où danser c’est remplir le vide de l’existence. Il assiste, impassible, à leurs discours factices et à leurs poèmes poussiéreux au goût de cadavre putréfié, des textes volés qui n’ont de valeur que le prix du litre de fiel. Il assiste.
Et pendant ce temps-là, il découvre que l’Ammour, c’est compter la vie dans les jours et laisser aux autres le soin de compter les jours dans la vie.
Il se questionne sur leur capacité à nier la vérité, pourtant si criante. Il se questionne sur leurs morales et leurs jugements, eux qui se sont accommodés pendant des années d’un salaire, d’un privilège et d’un luxe pour assumer leurs devoirs. Il se questionne sur leur faculté d’amnésie pour oublier leur absence de courage, lui qui les a vu s’éteindre et dépérir, sous un ciel toujours bleu. Il se questionne.
Et pendant ce temps-là, il découvre que l’Ammour, c’est compter la vie dans les jours et laisser aux autres le soin de compter les jours dans la vie.